Mémoire de l’avenir
Habiter l’incertain
UNE EXPOSITION URBAINE D’ART CONTEMPORAIN | Commissariée par Diane Gistal | 1 juillet au 1 octobre 2025
Nous habitons encore le monde de manière différenciée, parcellaire¹. Partant de ce postulat, la cinquième itération de Mémoire de l’avenir pose un regard critique sur le territoire, envisagé comme lieu identitaire, affectif et politique. L’exposition interroge les traces persistantes de « l’habiter colonial² », dont les dynamiques contemporaines d’expansion effrénée, d’accaparement et de racialisation des espaces, constituent quelques-unes des manifestations les plus visibles. Ces héritages ne sont pas sans conséquence : notre devenir, à l’ère de l’anthropocène, nous apparaît incertain. En dépit du morcellement de terres disputées par une poignée d'humains, nous souhaitons rappeler que la terre demeure le lieu des jaillissements de possibles, où s'entretissent des relations, des vécus, des poésies et où cohabite l’ensemble du vivant. Tiohtià:ke (Montréal), métropole culturelle, en est le reflet : un fragment du Tout-Monde³. Ce territoire, traversé par des géographies de solidarités, des communautés multiples, nous invite à contempler un « habiter ensemble ». Le duo Andrew Jackson et Sophia Borowska met en lumière, avec des œuvres textiles et photographiques, la manière dont les communautés portent en elles l’histoire de cette ville, dans un contexte où leur présence et leur mémoire sont parfois menacées d’effacement. Florencia Sosa Rey explore, par la performance, les distances émotionnelles et géographiques, tandis que Léuli Eshrāghi, par des gestes sensuels et des mouvements tendres, ouvre l’espace de la relation et de la connaissance incarnée. Enfin, Marwan Sekkat et Lorna Bauer, par le biais du glitch dont iels font un usage symbolique et sensible, dévoilent et déchiffrent les multiples strates visibles et invisibles du territoire.
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¹ Felwine Sarr, Habiter le monde (Paris : Mémoire d’encrier, 2017), p. 26.
² Voir l’ouvrage de Malcom Ferdinand, Une écologie décoloniale. Penser l'écologie depuis le monde caribéen (Paris : Seuil, 2019).
³ Nous faisons ici référence au concept forgé par le penseur martiniquais Édouard Glissant. Ce néologisme renvoie à une pensée qui nous invite à dépasser les frontières, à privilégier les interconnexions, la relation, et à embrasser la créolisation.
BIOGRAPHIE Diane Gistal
(elle)
Diane Gistal est une productrice culturelle et curatrice indépendante d’origine haïtiano-française basée au Canada. Fondatrice et directrice de l'organisme Nigra Iuventa, elle œuvre à la reconnaissance et à la promotion de l’art contemporain africain et diasporique. Son parcours l’a amenée à collaborer avec des institutions culturelles de premier plan, notamment le Musée des beaux-arts de Montréal, la Fondation Phi, l’Institut Goethe, le Power Plant Contemporary Art Gallery, le Livart et la Chaire UNESCO DCMET.
Sa pratique curatoriale se situe à l’intersection des arts visuels, de la littérature et des sciences humaines. S’inscrivant dans une réflexion autour des représentations littéraires, visuelles et cinématographiques de l’Atlantique noir (Paul Gilroy), elle interroge les notions d’agentivité, de care, de joie, d'utopie et de vulnérabilité. Ses expositions ont été présentées dans divers contextes — institutions, galeries, espaces publics et plateformes numériques — témoignant de son engagement à rendre l’art accessible à un large public. Parmi ses commissariats récents figurent Je sais pourquoi l’oiseau chante en cage (Fonderie Darling, Centre culturel Georges-Vanier et CDEx, 2020), Respiration (Galerie de l’UQAM, 2020), S'inscrire dans le présent (Never Apart, 2021), Réminiscence (Ernst and Young Montréal, 2024), Berirouche Feddal : Alger, capitale de la révolution (Maison de la culture Marie-Uguay, 2024), Marie-Danielle Duval : Cultiver l’amour (Maison de la culture Marie-Uguay, 2024) et Afrotopos (Galerie Stewart Hall, 2025).
Les Duos d’artistes
LÉULI ESHRĀGHI, FLORENCIA SOSA REY
LORNA BAUER, MARWAN SEKKAT
ANDREW JACKSON, SOPHIA BOROWSKA
Dates et emplacements
Découvrez l’exposition sur les palissades de Publicité Sauvage à travers la ville de Montréal · Tiohtià:ke du 1 juillet au 1 octobre 2025.
Voici les principaux emplacements:
Série complète
Métro St-Laurent
Rosemont / St-Hubert
1-2 duos
Atateken / de la Gauchetière
Atateken / Ste-Catherine
Atwater / St-Antoine
Beaubien / 10e avenue
Bellechasse / Casgrain
Bernard / St-Laurent
D’Iberville / Masson
De l’Esplanade / Laurier
Molson / William-Tremblay
Notre-Dame / Côte-St-Paul
Papineau / Rosemont
Ste-Catherine / Bourbonnière
Podcast
Dans ces trois épisodes du podcast de Mémoire de l’avenir 2025, Diane Gistal, commissaire de l’exposition, invite les duos d’artistes à s’exprimer sur ce qui les relie en tant que créateur·trice·s.
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COLLABORATIONS
artch
Depuis l’édition 2025, Art Urbain Montréal (AUM) collabore étroitement avec artch afin de renforcer la représentativité, la transparence et la qualité artistique de Mémoire de l’avenir. Cette collaboration permet de structurer un processus de sélection plus rigoureux pour les artistes émergent·es, en s’appuyant sur l’expertise et le réseau d’artch. Ensemble, les deux organisations partagent la volonté de soutenir la relève en arts visuels à Montréal, en leur offrant une vitrine professionnelle dans l’espace public. Cette alliance s’inscrit également dans une vision à long terme, avec l’objectif de pérenniser cette collaboration pour les prochaines éditions du projet.